Le traité de Versailles

Samedi 28 juin 1919

Le traité de paix entre l’Allemagne et les Alliés à l’issue de la Première Guerre mondiale fut signé dans la Galerie des Glaces du château de Versailles alors que Pierre de Nolhac était encore conservateur du château. Il l’était depuis 1892 et le sera jusqu’en 1920.

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Le catalogue de Ader-Nordmann, commissaire priseur, mentionne: « Pendant les mois de préparation du Traité, la Conservation du Château fut en quelque sorte une annexe du Ministère des Affaires étrangères, et les diplomates du monde entier vinrent à Versailles pour s’instruire sur son histoire avant de l’écrire eux-mêmes. » 

La galerie des glaces préparée pour la signature. L’événement peint par William Orpen

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Une liste d’invités pour cette journée, liste écrite par Pierre de Nolhac, comporte plutôt des amis : Lobre, Marnier…

 

 

 

 

 

Alix et Pierre étaient séparés depuis depuis 1909. Alix, qui résidait à Paris rue Delambre, note, laconique, dans son carnet: « 28 juin. Signature de la Paix. Henri va à l’Opéra avec Mlle Pia Ferrari pour entendre chanter la Marseillaise sur la place. Paolo et Lucie vont aussi l’entendre chez Marnier! Moi je reste seule, fatiguée. On entend le canon qui me reporte aux anciens tirs de barrage… »

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Le journal « La Presse » relate ainsi les événements :

« LES ALLEMANDS ONT SIGNÉ
JUSTICE EST FAITE!

« Versailles habituellement si calme semble s’éveiller d’un long sommeil et vouloir vibrer de joie dans ce jour qui consacre notre victoire, jour qui effacera l’injure faite à la ville du grand Roi en 1871, lors de la proclamation de l’Empire allemand dans la galerie des Glaces.
La ville a pris un air de fête tout à fait inaccoutumé. Toutes les maisons sont pavoisées, ornées de drapeaux aux couleurs de la France et de ses alliés.
(…)
Vers huit heures, les volets de maisons s’ouvrent joyeusement. Les Versaillais ont été réveillés par le bruit des troupes qui entrent en ville, précédés de leurs fanfares et de leurs musiques allant occuper les emplacements qui leur sont assignés.
A la même heure, des membres de la délégation allemande se promènent mélancoliquement dans la partie du parc qui lui est réservée et font les cent pas autour du bassin de Neptune.
(…)

Dans la Galerie des Glaces
Un personnel nombreux envahit la galerie des Glaces afin de terminer les préparatifs d’ameublement. On s’assure de la stabilité des tables ; on rectifie l’ordonnance des chaises et des fauteuils disposés sur les magnifiques tapis de a Savonnerie, dont on a garni les parquets pour cette solennité.
Au milieu du fer à cheval se dresse une table Louis XV flanquée d’un fauteuil de même style. On a déposé l’encrier Louis XVI que le président du Conseil lui-même a fait envoyer à Versailles pour la circonstance.
Un buvard en maroquin havane est placé sur la table où doit être signé le traité. Des employés du Garde-Meubles disposent sur les tables, en face de chaque place, des buvards, des porte-plumes, des encriers en cristal taillé pour chaque plénipotentiaire.
(…)
Le traité a été déposé sur la table de la signature, il y restera durant toute la séance.
Il a été décidé en effet, en raison de la fragilité des sceaux de cire, de ne présenter le traité à aucun des délégués. Les chefs d’Etat ont consenti à venir comme les autres délégués signer le traité à la table de la signature.

Les Délégués arrivent
Les premiers plénipotentiaires arrivés sont les délégués tchécoslovaques. Il est une heure ; puis viennent les délégués portugais, italien, japonais.
A 1h10, MM. Klotz et Pichon (…). Puis arrivent successivement MM. Lessing (…)
C’est maintenant un défilé ininterrompu d’automobiles portant des fanions de toutes les couleurs et de toutes les nations. (…)

Clémenceau acclamé
A deux heures dix-huit exactement, M. Clémenceau descend de son automobile, suivi du général Mordacq. D’une voix retentissante, le colonel Somprou, de la garde crie : « Portez armes ! » Tout le monde se découvre ; des cris répétés de « Vive Clémenceau ! » se font entendre. Le président du Conseil est vêtu d’une redingote noire, d’un pardessus foncé et coiffé d’un chapeau haut de forme légèrement incliné sur l’oreille. Il reste quelques instants sur le perron du vestibule, puis monte l’escalier de marbre suivi de M. Mandel.
(…)
Pendant ce défilé ininterrompu les avions survolent.
A trois heures moins dix, M. Lloyd George arrive, on crie : «  Vive l’Angleterre ! » et on applaudit.
Deux minutes après, c’est M. Wilson avec Mme et Mlle Wilson. Il est acclamé vigoureusement.
Sonnino, ministre d’Italie, est accueilli aux cris de : « Vive l’Italie ! »

Les Délégués allemands
A deux heures quarante-cinq la délégation allemande monte en auto et est conduite par l’intérieur du parc et l’allée de la Chapelle au vestibule par lequel elle gagnera la galerie des Glaces.
Les honneurs ne lui sont pas rendus.
Et la foule nombreuse ainsi que les troupes, ont observé le plus grand silence.

La Cérémonie
A deux heures quarante-cinq, M. Clémenceau fait son entrée dans la galerie des Glaces où il est reçu par M. Tardieu.
Peu après, M. Wilson entre à son tour, suivi des plénipotentiaires alliés.
A trois heures dix, les délégués allemands entrent dans la galerie des Glaces et gagnent leurs places.

Les Allemands signent
LE PRÉSIDENT DU CONSEIL PREND LA PAROLE POUR DIRE AUX DÉLÉGUÉS ALLEMANDS QUE LE TEXTE QUI EST SUR LA TABLE EST ABSOLUMENT CONFORME À CELUI QUI A ÉTÉ ANTÉRIEUREMENT REMIS, ET QUE DANS CES CONDITIONS ILS SONT INVITÉS À VENIR APPOSER LEUR SIGNATURE.
MANTOUX, L’INTERPRÈTE ATTACHÉ À LA CONFÉRENCE TRADUIT EN ANGLAIS LES PAROLES DE M. CLÉMENCEAU.
LES PLÉNIPOTENTIAIRES ALLEMANDS GAGNENT ALORS LA TABLE OÙ EST POSÉ LE TRAITÉ ET SIGNENT.
Dans la galerie des Glaces les délégués alliés continuent à signer.

Le canon tonne
A quatre heure moins le quart, le canon tonne de tous les points environnant Versailles, principalement du camps de Satory. L’enthousiasme de la foule, au dehors est indescriptible.
La signature du traité était entièrement terminée à quatre heures moins dix. »

LA PLUME DU TRAITÉ DE VERSAILLES :

Vendue à l’hôtel Drouot le 5 mars 2014, le catalogue la décrit ainsi : « Plume ayant participé à la ratification du traité de Versailles en 1919. Grande plume d’oie blanche, à bague et plume en or. Bague à décor d’enroulement de rameau d’olivier en émail vert et mauve entrecoupant le mot « PAX » en émail blanc. »

Nous avons vu longtemps cette plume posée en évidence dans la vitrine de la grande salle à manger du Fay (Indre) chez Charles Poulet et Renée née de Nolhac.

La plume a été achetée par la Société des Amis de Versailles.

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Un commentaire pour Le traité de Versailles

  1. culleen dit :

    Alors c’est cette plume qui t’a amené vers l’écriture?

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